
Dans un contexte d’économie circulaire, l’entreprise québécoise Ecolomondo a mis au point un procédé de recyclage de pneus performant. Une fois les matières de ces derniers décomposées, elles peuvent servir à une foule d’autres usages. L’une de ses innovations les plus importantes est sans contredit le recyclage du noir de carbone, un pigment incontournable employé dans plusieurs produits de la vie courante.
« Le noir de carbone est l’un des 10 produits chimiques les plus fabriqués sur la planète. C’est une poudre extrêmement fine qui est utilisée dans la fabrication de plusieurs biens. C’est entre autres ce pigment-là qui donne la couleur noire aux plastiques, aux toners pour les imprimantes, aux encres pour les tatouages et aux pneus. On a commencé à en utiliser au début des années 1900 pour améliorer les pneus en les rendant plus résistants aux rayons UV. Avant l’usage du noir de carbone, les pneus avaient la couleur naturelle du latex, soit blanc-beige », explique Hugo Morin, Directeur de l’ingénierie chez Ecolomondo depuis une dizaine d’années.
Le noir de carbone vierge est le fruit d’une combustion incomplète d’hydrocarbures, un procédé pour le moins coûteux et polluant. Pour cette raison, les initiatives visant à le rendre durable sont fortement encouragées. « L’industrie du pneu, qui est reconnue pour être très rigide et normée, est en train de se verdir. Les fabricants ont des cibles à atteindre, ils doivent intégrer un certain pourcentage de matériaux recyclés dans leurs produits. Notre noir de carbone recyclé chez Ecolomondo peut être mélangé avec du noir de carbone vierge pour fabriquer des pneus, et les résultats sont très convaincants », se réjouit le diplômé en génie industriel de l’UQTR.
Un procédé propre, efficace et rentable
La production de noir de carbone recyclé émet jusqu’à 90 % moins de gaz à effet de serre que celle de noir de carbone vierge. Pour ce faire, Ecolomondo utilise des pneus de voitures, une matière facile à obtenir grâce aux différentes plateformes d’approvisionnement disponibles tel que Recyc-Québec pour le Québec, RPRA pour l’Ontario, et auprès de particuliers du Nord-Est Américain, et leur fait subir le procédé de la pyrolyse.
« On met l’équivalent en caoutchouc d’environ 1,000 pneus réduits en granules dans une grande cuve qu’on appelle réacteur à décomposition thermique. Puis, on retire l’oxygène et on le remplace par de l’azote. En tournant sur lui-même au-dessus d’une source de chaleur, le réacteur décompose les ingrédients qui forment les pneus. On se retrouve à la fin avec du gaz de pneus, de l’huile de pneus et du noir de carbone », résume l’ingénieur. Sous forme de poussière, ce dernier est ensuite purifié pour éliminer les contaminants, puis moulu et transformé en petites billes compactes et hygiéniques, soit le format qui convient aux clients qui emploient du noir de carbone pour améliorer les propriétés du caoutchouc. Plus de 500,000 pneus peuvent ainsi être recyclés annuellement pour l’usine implantée à Hawkesbury en Ontario.
Fait à souligner : toutes les matières séparées lors du procédé sont réutilisées. « Le gaz de pneu sert à chauffer notre réacteur et l’huile de pneu est employée pour fabriquer du noir de carbone vierge. Rien n’est perdu! », se réjouit Hugo Morin.
La technologie de pyrolyse, qui suscite beaucoup d’intérêt ailleurs dans le monde, notamment en Europe, peut être appliquée à d’autres types de déchets contenant des hydrocarbures, comme les plastiques, les couches ou les bardeaux d’asphalte. Ainsi, les entreprises qui génèrent des rebuts d’hydrocarbures pourraient l’intégrer pour gérer leurs propres déchets de manière autonome.
Ordre des ingénieurs du Québec | Mis à jour le 10 février 2025
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